K. Yoland - Operation Tumbleweed
Retour en images sur l'exposition
Exposition du 29 janvier au 7 mars 2020
Vernissage mardi 28 janvier 2020 - 18h30
Operation Tumbleweed
ou le voyage d’un buisson sauvage et autres carnets
Pour une première fois en France, K. Yoland, artiste anglo-canadienne, expose à la galerie de l’école des beaux-arts de Nantes.
Appareil photo à la main et caméra à l’épaule comme d’autres ont un carnet de croquis ou de voyage, K. arpente depuis quelques années le territoire texan pour consigner ce qui marque une société, ses identités, ses rituels guerriers, ses paysages.
K. est aventurière, non par goût du risque, mais par amour de l’humanité et par crainte des bouleversements qu’elle provoque. Cette quête de l’autre et de son environnement la pousse à dépasser sa condition de citadine londonienne et l’entraîne sur des territoires en guerre, là où les frontières sont floues ; là où une rivière que l’on descend en canoë sépare deux pays, là où les plages privées sont inaccessibles, là où un camp d’entraînement clone un pays en guerre et où l’information est une propagande télévisée.
Les cartes routières l’aident à positionner ses points d’intérêt pour dessiner ses déplacements le long de paysages désertiques. Les scenarii s’écrivent pour que la caméra filme, enregistre et nous restitue son cheminement.
K. a décidé de préserver un tumbleweed (littéralement herbe qui roule) enfermé dans une caisse transparente en polycarbonate à l’épreuve des balles. Sauver ce buisson sauvage, survivant de la destruction humaine, figure originelle du paysage, indigène, sans couleur, non pollué par l’ambition, le pouvoir. Le transporter comme un trophée. S’ensuit un échange épistolaire entre K. et Tumbleweed, une fable qui l’entraîne en canoë sur le Rio Grande et ses environs, posant Tumbleweed comme marqueur du paysage.
Puis viennent les collages, nombreux tel un jeu de montage. Ses images de la Floride issues de performances (Walking until submerged, 2019), ou celles de Fort Irwin (2019), camp d’entraînement militaire de Californie, sont des œuvres en cours, inachevées ou en devenir.
Des œuvres caméléons qui s’adaptent aux espaces, que l’on coupe et repositionne sans pour autant en modifier le sens.
C’est en pratiquant la danse que K. a pris conscience de l’espace et du déplacement. Bouger son corps comme on respire, se maîtriser, relâcher et pratiquer. Naturellement, K. importa ses mouvements dans ses films, ses photographies, imagina des scenarii souvent issus de l’actualité, performa dans les lieux d’expositions, seule, en groupe ou dirigeant la mise en scène (Push the Frame, 2004).
K. a besoin de capturer les temps de performance pour les rejouer et ainsi se donner le temps de la réflexion pour les produire autrement. Ses images sont précises, parfois d’une grande douceur, toujours directes, mais capables aussi d’une grande violence rétinienne, difficiles à soutenir si l’on souffre d’épilepsie ou de fragilité cardiaque (Pick and Mix,2010). Pas d’effet de style emprunté, simplement accumuler à saturation excessive les enregistrements télévisuels dont nous abreuvent les médias. Pas de morale ni de mot d’ordre de sa part, mais des questions : comment ne pas voir, comprendre, réagir ? Insoutenable.
Nombre de ses œuvres présentées ici ont déjà été montrées en Angleterre, en Europe ou aux États-Unis sous une forme différente, plus complète ou plus déployée. Ce qui importait dans la construction de cette exposition était bien de coller et de mixer une sélection de ces images créées depuis plusieurs années pour en faire ressortir ce qui les lie, quitte à écarter des éléments pour mieux en valoriser d’autres.
L’ensemble des photographies a été produit dans les ateliers de l’école et l’un des films de Operation Tumbleweed (2018) sous-titré spécialement en français. K. joue avec ses productions pour rebondir sur les spécificités du lieu et quoi de plus approprié qu’une galerie d’école d’art pour re-travailler les formes ?
K. Yoland est une artiste transdisciplinaire dont les champs d'intérêt explorent les politiques identitaires, du pouvoir, des frontières et leur signification dans notre société. Les projets antérieurs de K. Yoland ont été menés à travers l’Europe et les États-Unis, particulièrement au Texas et en Floride, zones de frontières complexes où le politique est intensément palpable. Incorporant vidéo, texte, installation, photographie et performance, le corps ou son impact est omniprésent : filmer un barbier et un soldat dans le désert du Chihuahua, composer une chorégraphie et filmer les danseurs pour une installation vidéo à Copenhague, diriger des escrimeurs olympiques sur un échafaudage à Londres, réaliser des interviews dans les rues de Harlem ou accepter 21 emplois différents à Paris...
Galerie des Beaux-Arts de Nantes
2 allée Frida-Kahlo
44200 Nantes
Exposition du 29 janvier au 7 mars 2020
Ouverture du mercredi au samedi de 14h à 18h00
Visites guidées le samedi à 16h00
Contact Open School Galerie
Leïla Zerrouki
02 55 58 65 04
leila.zerrouki@beauxartsnantes.fr
ph. K. Yoland, Operation Tumbleweed, 2018